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Ordinateur à 200 € : L’Uruguay en pointe

A la sortie des écoles de toutes les villes et jusque dans les villages les plus isolés, on peut voir des écoliers portant fièrement de curieuses mallettes d’un vert éclatant... ce sont des ordinateurs portables en plastique ! « Une boîte magique », s’exclame Tomas, qui pianote avec enthousiasme sur son clavier, assis sur un banc. A 12 ans, il manie Internet, a créé un blog, et retrouve ses copains sur Facebook.

L’Uruguay, petit pays de 3,5 millions d’habitants, est le premier au monde à fournir gratuitement aux élèves des écoles primaires publiques et aux enseignants cet ordinateur portable. Le laptop, dénommé XO est équipé d’un système Linux avec une connexion sans fil et une Web Cam ; il est résistant à l’eau, peu gourmand en énergie et peut fonctionner à l’énergie solaire et même être rechargé manuellement à l’aide d’une manivelle.

C’est le président de la fondation humanitaire One Laptop Per Child (OLPC un ordinateur par enfant) N. Negroponte ,professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) qui l’a mis au point en 2005.
L’ambition d’OLPC, qui bénéficie du financement de géants de l’informatique, est de distribuer des millions de ces ordinateurs portables, robustes et peu coûteux, aux enfants les plus pauvres de la planète.

Dès 2006, le gouvernement uruguayen a été le premier à passer commande. Pour Tabaré Vazquez, premier président de gauche élu de l’Uruguay en 2005, cette initiative, baptisée « plan Ceibal », est un moyen de favoriser l’équité sociale aussi bien que l’éducation. Le président socialiste a remis, le 13 octobre, les derniers ordinateurs aux élèves de 6 à 12 ans d’une école d’un quartier défavorisé de Montevideo. Plus de 360 000 ordinateurs portables ont été distribués ces dernières années dans 2 332 écoles. Le président a obtenu que la société des télécommunications nationale fournisse l’accès à Internet à toutes les écoles d’ici la fin de l’année.

« Le XO favorise l’intégration des familles », note J. M. directeur de l’école n° 157 de Villa Garcia, une zone rurale près de Montevideo. Les 1 200 élèves du primaire utilisent leur ordinateur pendant les cours, mais peuvent aussi l’emporter chez eux et le partager avec leur famille. « Nous avons formé des dizaines de parents, fascinés de pouvoir communiquer avec le monde entier, chercher des informations, regarder des photos », se félicite JM. Il raconte que, bien après la fin des cours, y compris le week-end, des ribambelles d’enfants s’assoient avec leur XO sur le trottoir, devant l’école, pour bénéficier de la connexion Internet qui n’arrive pas dans les endroits isolés.

Du côté des professeurs, il y a eu des réticences. La plupart n’avaient jamais eu d’ordinateur. Proche de la retraite, J.S. admet avoir du mal à s’adapter. Le maître d’école bougonne : « Le gouvernement devrait plutôt investir de l’argent pour résoudre les besoins nutritionnels de base de beaucoup d’enfants. » Il se plaint des bas salaires des enseignants et rappelle que le XO est plus cher que prévu : près de 200 dollars.
« La moitié des enfants en Uruguay vivent sous le seuil de pauvreté », rappelle l’ingénieur J. G. qui a participé au lancement du plan Ceibal. A son avis, « le pays ne peut plus compter sur une économie essentiellement agricole, il doit se préparer à la nouvelle économie du savoir ». Il considère que l’Uruguay est « le pays idéal pour tester l’efficacité de cette initiative, car il a une population âgée et ne compte que 300 000 élèves dans le primaire ». Les enfants en âge scolaire ne représentent que 10 % de la population. Au Brésil, dit-il, « ils représentent un habitant sur trois, ce qui rend le projet beaucoup plus coûteux ». En Uruguay, le programme a accaparé moins de 5 % du budget de l’éducation nationale.

« L’Uruguay est le laboratoire du monde », lance l’ingénieur. Les premières études montrent un impact éducatif variable selon le milieu social. Selon lui, une évaluation précise sera possible dès 2011. Une partie des écoliers formés avec les XO aura 15 ans et se présentera à un examen, équivalent français du BEPC. « Les résultats, jusqu’ici médiocres, devraient s’améliorer », prédit -il. Optimiste, l’Uruguay prévoit, d’ici la fin de l’année, l’octroi d’ordinateurs portables aux élèves de première année des lycées publics et, ensuite, aux établissements privés.


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